Remontons loin dans le passé, parce que c'est il y a 2534 années que tout commença. Les derniers jours du printemps se faisaient voir et bientôt ce serait l'été qui prendrait place dans le ciel. Tout était au beau fixe, une journée parfaite pour la venue d'une nouvelle âme sur Terre. C'est le dix juin de l'année -519 avant Jésus Christ que naquit dans une étable, à la campagne romaine, un magnifique poupon au teint porcelaine et au visage angélique. Ses cheveux étaient blonds comme le blé et sa beauté si imposante qu'on aurait dit une princesse. Elle était le fruit d'un amour passionnel entre deux jeunes personnes à peine âgé de dix-huit années. Ils s'étaient unis sans le consentement de leurs parents respectifs, plongeant ces derniers dans une colère noire. Les deux jeunes amoureux avaient pris la fuite loin de Naples, cherchant à se rendre à Rome, ville où tout était permis.
-513 av. JC – Rome AntiqueLes années passèrent et le couple éleva leur fille du mieux qu'ils le pouvaient avec les moyens mis à leur disposition ; toutefois leurs faibles revenues ne les avaient pas empêché d'être une famille heureuse, dont le centre de gravité était leur propre fille, Allegria, signifiant joie. La petite fille aux boucles blondes fêter en ce jour ses six années. Bien que démunis, ses parents aimant avaient décidé de la rendre heureuse, quitte à se priver de manger pour offrir à leur unique fille tout ce dont elle rêvait. La mère d'Allegria, dénommée Arria s'empressa de préparer un gâteau pour sa fille tandis que cette dernière jouait dans la cour arrière de la modeste demeure. Son père Augustus était parti quelques heures plus tôt en ville afin de rechercher le cadeau parfait pour sa petite princesse.
Seulement quand il revint le soir même, c'était un homme méconnaissable couvert de blessures et de bleus.
« Arria, faites tout de suite les bagages nous nous en allons de ce pas. » Le ton de sa voix se faisait tremblotante et paniquée, sa femme le regarda et s'exécuta sans un mot, elle-même des plus inquiètes. Elle avait compris, ils avaient été retrouvés par leurs familles respectives et celles-ci voulaient leur mort pour leur avoir désobéi six années plus tôt. Arria s'hâta de mettre leurs habits dans des toiles de jute et rejoignit sa fille dans la cour et lui lança d'une voix le plus calme pour ne pas l'inquiéter
« Ma petite princesse, nous devons partir, enfile ton manteau le plus vite possible. » . Allegria resta calme et s'exécuta avant de suivre sa mère dans leur demeure, ne comprenant pas ce qui se passait du haut de ses six ans.
La vision qui s'offrit à elles eurent de quoi marquer les esprits et ce pour longtemps. Le corps inerte d'Augustus était au sol, le visage pâle et le corps ensanglanté. Un homme plus âgé était penché sur lui et venait de retirer la longue dague qu'il lui avait planté en plein coeur préalablement. Des cris horrifiants s'échappèrent des lèvres de la jeune femme tandis que les larmes roulèrent silencieusement sur les joues de la petite blonde. Pensant à sa fille, Arria se plaça devant celle-ci afin de faire rempart à l'homme au regard noir, se tenant droit au milieu du salon à à peine deux mètres d'elles. Le temps d'ouvrir la bouche pour le supplier de laisser en vie sa fille, qu'elle ressentit une immense douleur envahir sa poitrine. Baissant les yeux sur son abdomen, elle put voir la lame ressortir de sa chair, les forces la quittèrent rapidement et ses jambes ne la maintinrent plus debout, ce qui eut pour effet de la faire s'écrouler par terre sous les yeux horrifiés d'Allegria.
L'homme l'attrapa et la posa sur son épaule droite tel un sac à pommes de terres avant de s'éloigner des deux corps laissés au sol. La dernière image que retiendra cet enfant de ses parents vu celle de son père baignant dans son sang, raide mort et celle de sa mère agonisant au sol en suppliant l'homme de ne rien faire à sa fille, un bras tendu dans leur direction. Ainsi fut la séparation d'Allegria avec ses parents et le début de sa nouvelle existence qui allait changer du tout au tout.
-503 av. JC – Rome AntiqueRéveillée par la lueur du soleil qui perçait les voilages de sa chambre, Allegria s'était levée joyeuse, en cette matinée d'été, elle avait demandé la veille s'il lui était possible de se rendre dans les champs pour aller cueillir quelques fleurs pour la couronne végétale qu'elle confectionnait depuis plusieurs jours en l'honneur de la fête organisée ce soir pour son père. Sa cueillette s'était bien passée, et s'est tout naturellement qu'elle rentra au milieu de l'après midi pour terminer sa couronne et se préparer pour la soirée. Se rendant à ses appartements, elle se cogna à Caius Octavius Magnus, le petit frère de son père, à peine plus âgé d'elle de deux années, ne faisant pas attention là où elle marchait.
A genoux pour ramasser les fleurs qui étaient tombée, son oncle faisait de même, durant une fraction de seconde leurs mains s'étaient touchées, faisant frémir Allegria. Leurs regards se croisèrent, et le coeur de la jeune femme ne fit qu'un bon dans sa poitrine ; il était si magnifique, sa beauté n'égalait aucun autre homme.
« Pardonnez moi.. je n'ai pas fait exprès.. » . Il avait alors pris sa main et la lui avait baisé délicatement avant de lui lancer d'un ton séducteur, mais pourtant envoûté par la beauté éblouissante de sa nièce
« Si vous voulez vous faire pardonner, rendez vous ce soir à dix heure devant la fontaine à l'arrière de la villa. Soyez à l'heure Allegria. » Elle n'avait pas eu le temps de répliquer, qu'il l'avait déjà lâchée et s'était engouffré dans ses propres appartements. Elle était sous le charme c'était certain, son coeur venait de tomber pour lui. Amoureuse de lui dès le premier regard, il était dès lors évident que la raison venait de s'envoler et que l'amour venait de décider à la place. Ce soir, elle irait le rejoindre et lui avouerait cet amour brûlant en son égard, et ce quand bien même il était son oncle.
-500 av. JC – Rome Antique « Père arrêtez, vous me faites peur... » Caelius tenait fermement sa fille par le bras, la regardant avec sévérité, son regard était des plus sombres, si sombre qu'il glaçait le sang de la jeune femme à chaque fois qu'il se posait sur elle. Il entrainait Allegria dans sa chambre et la lançait sur le lit avec une force à laquelle elle n'avait jamais eu l'habitude. Mais pourquoi était il ainsi ? Elle ne le comprenait pas à cet instant précis. Sans dire un mot, il avait quitté la pièce en l'enfermant dans sa chambre. Ses actes étaient si différents de d'habitude, et le contact de sa main sur sa peau était des plus glaciales. La jeune fille téméraire n'allait pas se laisser enfermer de la sorte, il avait beau être son père, cela ne l'aurait jamais empêché de se rendre au rendez vous qu'elle avait convenue avec Caius dans les écuries. La jolie blonde s'était laissée glisser le long de la gouttière de son balcon et s'était alors mise à courir en direction de l'écurie, mais ce qu'elle y découvrit fut de loin la chose la plus choquante dont elle pouvait se souvenir. Elle était arrivée près de celle-ci, quand elle distingua deux fois qu'elle connaissait très bien, son père et son oncle. Ils se disputaient vivement, mais à propos de quoi ? Elle l'ignorait, car elle ne parvenait pas à distinguer les propos de leur conversation. Allegria s'était alors placée de telle façon qu'elle puisse observer la scène, cachée derrière le tas de foin. La scène qui se déroula sous ses yeux, était surréaliste, tout droit sorti d'une histoire pour enfants. L'homme qu'elle aimait éperdument depuis trois années à présent et qui l'aimait du même amour en retour seulement il n'avait jamais su comment lui avouer ; venait de se faire poignarder par son père, son corps était inerte au sol, étendu dans son sang. La vue de son oncle allongé ainsi au sol lui avait arraché un cri de douleur et de peine, cri qui ne tarda pas d'être remarqué par son père. Comprenant qu'elle risquait le même sort, elle s'était alors mise à courir le plus vite possible en direction de la forêt, espérant y trouver là un lieu de cachette. Seulement, il se retrouva bien vite face à elle, s'approche de sa fille avec un regard inquiet et presque désolé. Pour Allegria, une chose était certaine, il allait la tuer pour avoir aimé son oncle. Seulement Caelius s'approcha de sa jolie fille, et caressa sa joue délicatement avant de baiser son front, il avait alors essuyé les larmes qui roulaient sur ses joues avant de murmurer à son oreille d'une voix peinée
« Pardonnez moi ma chérie... » . Ce fut les derniers mots qu'elle entendit avant de sentir dans sa gorge couler ce liquide épais dont le goût n'était pas sans rappeler le fer, et d'être plongée dans le noir complet. Elle n'était plus Allegria dès à présent, elle ne serait plus cette jeune fille douce et fragile. Son réveil marquerait le début d'une nouvelle ère, celle d'une nouvelle race sur Terre, les vampires.
79 ap. JC – Pompéi Cela faisait près de six siècles que la famille Panicucci était devenue vampire, ne vieillissant pas, ne mourant pas, n'ayant jamais faim ni soif, ils n'avaient pas tardé à attirer les curiosités, et durent bien vite quitter leur ville pourtant si paisible. Ils n'avaient nullement fuis Rome sans argent, une véritable fortune en poche, ils avaient parcouru l'Europe de long en large, se rendant dans tous les pays existants, faisant connaissance de véritable icônes de leur époque telles que Cléopatre ou César. Le temps avait passé, et l'amour de leur pays était bien trop puissant, c'est donc en début de l'année 79 de notre ère que la petite famille composée de Caius, Caelius et Allegria, mirent les pieds à Pompéi, ville luxuriante au pied du Mont Vésuve. La vie rêvée les y attendait. Au sein de la famille, les tensions s'étaient apaisées si on peut le dire, Caius n'en voulait plus autant à son aîné de l'avoir transformé, qui plus est de la sorte, quant à Allegria, elle avait acceptée le choix de son père et le comprenait, il n'avait pas voulu rester seul pour l'éternité. Mais en revanche entre Caius et la jeune femme, plus rien n'allait, dès lors où ils devinrent des vampires, ils décidèrent de mettre fin à leur relation après que Caelius ait tout deviné. Ce dernier refusait de voir son frère s'acoquiner avec sa fille, surtout qu'il se montrait sur protecteur envers n'importe quel homme qui osait s'approcher d'elle à moins de deux mètres. La menace de son cadet écarté, il n'avait jamais eu à s'inquiéter de la sûreté de sa fille car cette dernière avait toujours tout fait pour ne pas attiser la curiosité des hommes ou pour s'en approcher de trop près.
Mais tout changea quand Allegria se décida à visiter cette nouvelle cité dont elle ignorait tout, elle s'égara dans une petite rue non loin des thermes. Vampire ne signifie pas qu'on ne se perd jamais, surtout dans une ville qu'on ne connaît pas. Alors qu'elle regagnait la rue principale en coupant par un jardin non loin, elle tomba nez à nez avec un jeune homme particulièrement beau et séduisant. Tombée sous son charme au premier regard, elle avait voulu quitter le jardin au plus vite, il lui était interdit de parler à un homme elle le savait très bien, c'est pour cela qu'elle se hâta à s'éloigner de l'homme. Toutefois lui n'était pas du même avis, il la trouvait réellement magnifique dans sa robe de lin blanche qui lui allait à merveille, il s'était alors précipité vers Allegria et l'avait retenue avec délicatesse par le bras.
« Ne partez pas, je ne vous veux aucun mal.. Je me nomme Vittore. Où allez-vous ainsi ? » . N'osant pas le regarder, elle n'avait pas eu le courage de se tourner vers son interlocuteur, et avait préféré ne pas s'attarder.
« Je suis navrée Monsieur, mais je n'ai pas le temps.. » . Récupérant son bras elle avait commencé à courir en direction de la sortie de cet immense jardin, sans se retourner, bien trop gênée pour cela. Quant à lui, il l'avait regardé courir avant de crier à en encontre
« Dites moi au moins si l'on se reverra..» . L'entendant très bien même à une dizaine de mètres de lui, la jeune femme n'avait pu retenir le rouge qui lui montait au joue, préférant rester vague alors que son envie était toute autre, elle lui lança avant de disparaître à l'orée du jardin
« Je doute de mon intérêt à vous revoir.. Vittore.. » . Pour le jeune homme il était évident qu'ils se reverrait très vite, car son coeur venait de sombrer pour elle, cette inconnue dont il ignorait même le prénom.
~24 Août 79 ap. JC~
« Père je vous en prie, ne le tuez pas !» . La jeune femme suppliait son père de ne pas tuer Vittore, cet homme n'était pas seulement celui pour qui le coeur d'Allegria battait désormais, bien aussi un chasseur. De quoi énerver Caelius le jour où il découvrit qu'en plus de s'amuser avec un homme, sa fille était amoureuse d'un chasseur, celui-là même qui prenait plaisir à torturer et tuer ceux de leur espèce. Il n'était pas digne de confiance, et il le savait, tôt ou tard il trahirait sa fille pour tuer cette dernière. Marchant en direction de la chambre de sa fille afin de tuer l'amant qui se cachait dans son lit, il avait été pris d'une violente secousse qui avait parcourue ses jambes suivies d'un grondement impressionnant venant du volcan. En l'espace de quelques minutes à peine, le ciel s'était assombrit et des tonnes de pierres ponces tombaient à flot sur la ville. L'homme ordonna immédiatement à sa fille de faire ses sacs pour quitter la ville, sentant la fin d'une ville qui trouvait parfaite en soi.
« Je ne peux pas partir sans Vittore, je l'aime, comprenez-le père.. » . Fou de rage que sa fille préfère rester avec un chasseur, il lui avait dès lors lancée une claque des plus puissantes, avant de lui dire de la façon la plus calme qu'il lui était de prendre en pareille situation
« Ma chère Allegria, je vous ordonne de le laisser ici sur le champ, si vous décidez de rester pour lui, vous m'aurez après vous pour l'éternité, c'est donc une chose que je ne vous conseille absolument pas.. » . Elle avait pu sentir la menace dans sa voix, mais déterminée, son amour la poussait à reste pour l'homme dont elle était éprise, au risque de se mettre son père sur le dos et ce jusqu'à ce qu'ils se retrouvent un jour. Allegria avait rapidement terminée ses sacs, les remplissant de tenues et de quelques bijoux avant de fuir son père pour rejoindre Vittore aux thermes, lieu où tout commença. Décidant de fuir tous deux ensembles, quand bien même leur nature les séparait, il était plus qu'évident que leur bonheur serait de courte durée, fuyant vers les terres, en espérant qu'une chose, que leur amour pour l'autre les ferait tenir encore bien longtemps.
Juillet 1240 – Paris Il y a bientôt huit siècles, Allegria fuyait ardemment son père, de crainte des représailles qu'il aurait pu lui infliger pour sa fuite. Elle pensait enfin avoir trouvé un lieu sûr, où personne ne saurait qui elle est ni qui la recherche, ce lieu sûr était Paris. Seulement c'était sans compter sur la rencontre qu'elle vit, qui faillit bien la mener à sa perte. Elle rencontra un matin de Juillet 1240, sur la place du marché, un ravissant jeune homme, plein de charisme et de grâce. Envoûtée par son charme, elle voulu faire quelque peu connaissance, cependant derrière l'attitude douce et charmante de cet individu, se cacher une toute autre pensée. Daniel Williams cachait bien son jeu, car pour lui, se rapprochait d'elle ne signifiait pas des moments agréables avec une charmante jeune femme, non. Pour lui, cela signifiait une monnaie d'échange avec le premier vampire, Ivano. En effet, Daniel était au courant de la poursuite que celui-ci avait engagé vis à vis de sa fille. Et sans tarder, il vit là l'opportunité d'obtenir de l'Originel des informations sur son ex-femme. Toutefois, n'étant pas si idiote que ça, Allegria avait compris que quelque chose se tramait derrière son dos et avait pris bien vite la fuite. Fort heureusement pour elle, puisque quelques jours plus tard, son père faisait son entrée à Paris pour rencontrer cet homme, qui avait dit avoir vu sa fille. Un pacte se lia entre les deux jeunes hommes, l'Hybride devait dans le futur, avertir au plus vite l'Originel dès qu'il recroiserait la route d'Allegria; et en échange, l'homme de classe aiderait Daniel dans ses recherches. Dès lors ce compromis fut mis en place, et dure encore à l'heure actuelle, tandis qu'Allegria s'évertue à fuir encore et toujours.
De nos jours – Moonlight City « Un bourbon. Sans glaçons Sam.» Assise au bar d'une ville moyenne, Allegria y avait trouvé un lieu où faire une petite pause. Las de devoir sans cesse courir pour fuir ses erreurs passées. Elle dégustait son verre sans plaisir, repensant à cette longue course poursuite, s'interrogeant sur ce qu'elle devait faire, ses motivations. Deux milles années à fuir, même pour un immortel, cela commence à faire beaucoup, et elle le savait. Le buvant d'une traite, elle retourna son verre sur le comptoir, en espérant qu'un jour tout s'arrête, et si ce jour n'était pas venu. Le barman remplit à nouveau un verre qu'il tendit à la jeune femme, les joues empourprées face à la beauté de cette non-humaine. Elle avait relevé les yeux vers lui, lui avait sourit avant de lui répondre
« Tu as bien de la chance d'être un barman, ta vie, c'est du rêve pour moi. Jamais je n'aurai ça, et tout ça à cause de l'amour.. » Soupire. Elle but son verre cul sec avant de se lever, dès lors elle hypnotisa l'humain et lui intima d'oublier son nom, son visage et tout ce qu'elle avait pu faire ou dire. Prenant sa veste, elle disparut aussi vite qu'elle était arrivée, et ce sans laisser nul souvenir à quiconque de son passage. En route pour l'Ouest, elle avait entendu parler d'une ville où règne un drôle d'équilibre, où des choses étranges et inexpliquées se passaient. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre ce qui en retournait. Montant dans sa voiture de sport, elle s'était immédiatement mis en route pour cette ville modeste, nommée Helena, ville qui portait très bien son surnom; elle le savait, cette ville n'était pas appelée Moonlight City pour rien. Et ce serait la cachette parfaite pour se posait quelques temps avant de partir sur les routes à nouveau.